Interview de Raphaël Jacquelin
Il est l'un des meilleurs joueurs français en activité, dont l'avis fait référence avec plusieurs titres européens à son palmarès et des prestations au plus haut niveau mondial. Présent à l'Ile Maurice pour le Mick's Friends 2022, il a comme son pote Mickaël Dieu, outre la particularité d'avoir du bleu dans les yeux, un début de carrière professionnelle en commun. Il nous parle de ces amitiés qui existent dans un sport plus que jamais individuel.
Tu as souvent été aux avant-postes de plusieurs tournois du DP World Tour cette année, même avec ton talent et ton expérience on a du mal à tenir sur quatre jours ?
Raphaël Jacquelin : C'est gentil et ce n'est pas faux. C'est toujours difficile de tenir quatre tours. Quand on gagne, c'est qu'on arrive à être régulier sur une semaine entière. C'est cette régularité qui m'a permis cette longévité dans ma carrière. Ces quatre dernières années j'ai eu plus de mal à tenir quatre tours au plus haut niveau parce que celui ci a considérablement évolué. Même en s'entraînant et en mettant tout ce qu'il faut dedans, cela a été difficile de faire mieux qu'une vingtième ou trentième place ces trois dernières années. C'est l'heure de se rendre à l'évidence et de gentiment se retirer du DP World Tour. C'est ce que je vais faire en 2023, jouer une dizaine de tournois au maximum entre les invitations et quelques épreuves du Challenge Tour en France. L'objectif étant de se présenter aux cartes du Champions Tour (championnat Senior aux États Unis) en novembre 2023.
Grégory Havret a dernièrement à la télévision parle de l'amitié qui vous liait et de ta volonté de la ramener avec toi sur le Champions tour…
Raphaël Jacquelin : Ça va très vite de décrocher. Le fait de moins bien jouer et d'avoir une catégorie qui ne nous permet pas de jouer de gros tournois comme on le faisait avant, en tout cas d'être aussi bien placés parce qu'on faisait beaucoup de top ten et parfois de victoires aussi bien lui que moi, nous oblige à repenser notre carrière.
C'est le fait de moins bien jouer ou c'est le niveau de jeu qui a progressé ?
Raphaël Jacquelin : Le niveau a progressé, c'est clair. Il y a plus de joueurs, de plus en plus jeunes, de plus en plus prêts en arrivant, contrairement à nous quand nous sommes arrivés sur le Tour. Le niveau amateurs est tellement élevé que quand ils arrivent sur le circuit professionnel, ils sont prêts. Ça vient du monde entier pour jouer sur le DP World Tour ou le PGA Tour. Tout le monde a envie d'en faire partie et c'est tout simplement beaucoup plus dur avec un niveau plus élevé.
L'amitié a une grande importance dans ta vie. Celle qui te lie à Mickaël Dieu est particulière ?
Raphaël Jacquelin : Oui, on s'est connu en 1993 en équipe France amateur, on s'entrainait tous les deux à Montpellier Massane, c'est une amitié de trente ans et entre nous il y a autre chose que le golf même si c'est notre passion, le haut niveau évidemment, notre point commun. Les premiers Mick's Friends qu'on a fait à la Réunion étaient incroyables. J'organisais le Raphaël' Friends à Terre Blanche pour mes sponsors et mes amis et ce a donné à Mick de faire son évènement qui est totalement différent avec un côté plus festif, ce qui est super puisque les gens jouent vraiment le jeu comme on peut le voir cette semaine. Aussi bien les pros que les amateurs de tous niveaux se mèlent dans cette ambiance et tout le monde y trouve son compte.
C'est l'une des beautés et particularités de ce jeu ou amateurs et professionnels peuvent partager une partie.
Raphaël Jacquelin : C'est clair. C'est l'essence du Pro-Am, le seul sport où les amateurs peuvent jouer avec des professionnels pendant cinq heures malgré la différence de niveau. Il ya toujours une formule qui existe pour que cela intéresse tout le monde et c'est ce qui plaît dans ce jeu. Toutes les semaines sur le Tour chaque mercredi on joue un Pro Am et c'est ce qui fait la beauté de ce sport et permet d'organiser ce genre d'évènements. Partager avec les gens notre passion, parer du haut niveau, parler aussi de ce que eux vivent. C'est rare dans d'autres sports et c'est ce qu'il faut garder parce que ça crée des liens avec tout le monde.
Le golf est un sport individuel. Est-ce qu'au départ du trou numéro 1 on met de côté l'amitié que l'on peut avoir pour ses adversaires ?
Raphaël Jacquelin : Dans un tournoi, on ne pense qu'à son jeu. On s retrouve seul avec sa petite balle blanche sur un parcours qui évolue chaque jour, qui n'est jamais le même. On ne pense pas aux autres.
Un petit cas de figure : tu te retrouves avec ton meilleur ami sur le trou 18, vous avez chacun un put pour la victoire. Toi si tu gagnes, ça ne changera pas grand chose à ta carrière. Lui, s'il remporte ce tournoi, sa vie peut basculer. Tu fais quoi ?
Raphaël Jacquelin : Cela ne s'est jamais passé, je ne me suis jamais retrouvé dans cette situation là . Dans mon cas, avec ma façon de penser, je pense que je ferai la part des choses. Je regarderai l'importance de ce putt pour moi et pour lui. Si pour moi cela ne change pas grande chose effectivement je pense que je ferai cet effort. Mais il faudra que ce soit quelqu'un de très proche.
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