Mc Illroy atomise Captain Saudia
Cela s’est joué magnifiquement sur le dernier putt du dernier trou, avec une ficelle de quatre mètres du numéro Un mondial, l’irlandais Rory Mc Ilroy. Il remporte la Seconde manche des Rolex Séries à Dubaï, le Hero Desert Classic, devant Patrick Reed, celui qui était surnommé Captain America avant de rejoindre les rangs des dissidents du Liv Tour pour devenir Captain Saudia, une compétition - une exhibition - créée à coups de milliards par l’Arabie Saoudite et un Greg Norman, ancien champion, plus requin que jamais.
Rory Mac Illroy déteste le Liv Golf et ce qu’il représente. Une compétition - exhibition dit-il - sans cut et réelle opposition où ceux qui participent se remplissent les poches de pétrodollars. Bon nombre de joueurs stars « sur le tard » qui avaient de plus en plus de mal à performer sur les deux circuits majeurs existant, le PGA Tour au USA et de DP Européen Tour, ont rejoint le Liv avec un gros chèque en poche. Phil Mickelson qui fut l’un des plus grands champions de ces dernières années a ainsi lors de son inscription au Liv empoché un chèque de 200 millions de dollars. D’autres comme Bryson DeChambeau, Brooks Koepka, Sergio Garcia, Henrik Stenson, Lee Westwood, Ian Poulter, Patrick Reed, Cameron Smith, Bubba Watson, Abraham Ancer, Louis Oosthuizen ont pris de gros chèques pour venir sur le Liv Tour qui a l’ambition de devenir le plus gros circuit mondial - le SAOUDI GOLF LEAGUE - en mettant un milliard de dollars par an de dotation. Avec moins de compétitions (14 dates en 2023) : plus facile que d’aller batailler chaque semaine sur le PGA Tour ou le DP World Tour pour passer le cut au milieu de 130 joueurs morts de faim.
Naturellement devant cette attaque menée par l’ancien champion australien Greg Norman, le PGA Tour qui dirige le plus gros circuit mondial - et avec le DP World Tour le classement mondial - avec des compétitions qui ont essentiellement lieu aux Etats Unis s’est mobilisé, interdisant aux joueurs du Liv l’accès au circuit américain et aux tournois majeurs. Le DP World Tour qui est le circuit européen a tenté lui aussi de barrer l’accès à ces dissidents qui mènent un combat devant les tribunaux pour avoir le beurre, l’argent du beurre et les faveurs de la crémière. Une décision de justice sera rendue début février pour leur accès au DP World Tour. Le président du club national d'Augusta, Fred Ridley a lui déclaré dans un communiqué que tous les joueurs - y compris ceux du LV - seront éligibles pour l'édition 2023 du Masters (6 au 9 avril) qui est pour beaucoup le plus grand tournoi du monde. Seuls les joueurs du Liv se trouvant dans le top 50 du classement mondial pourront y participer. D’où la décision de bon nombre d’entre eux de jouer les compétitions du DP World Tour leur permettant encore de marquer des points au niveau mondial.
Patrick Reed et quelques autres comme Erik Stenson, Bernd Wiesberger ou Ian Poulter ont ainsi été au départ des deux premiers Rolex Séries de l’année, richement dotés et permettant de prendre de gros points au classement mondial. S’ils n’ont pas passé le cut à Abu Dhabi, ils se sont présenté au départ de Hero Desert Classic à Dubaï, avec l’objectif de se qualifier pour les tournois majeurs.
L’occasion pour le numéro Un mondial, Rory Mc Illroy d’entamer sa saison après plusieurs semaines de repos. L’ambiance s’est tendue dès le mardi au practice entre Mc Illroy et Patrick Reed. Ce dernier est venu le saluer et le champion Irlandais lui a tourné le dos. Il n’avait pas digéré cette assignation de témoigner devant un tribunal envoyée par Captain Saudia à son domicile le jour de Noël. Un épisode que peu de champions auraient digéré. Patrick Reed lui a alors balancé un tee aux couleurs du Liv.
Et quand ils se sont retrouvés en tête de l’épreuve à quelques trous de l’avant dernier tour du Hero Desert Classic, on se doutait que l’ambiance allait être tendue avec le risque de retrouver les deux joueurs en dernière partie. Mais Mc Illroy montrait qu’il avait retrouvé son meilleur golf en alignant les birdies et en gardant Patrick Reed à distance.
Ce dernier tour, qui a eu lieu lundi en raison de conditions météo détestables sur Dubaï lors des deux premières journées, a donc vu Patrick Reed en avant dernière partie et Mc Illroy fermant le bal et pouvant suivre de loin l’évolution du score. Reed, qui a joué sans doute l'une des meilleures parties de sa carrière, alignait les birdies d’entrée alors que Mc Illroy avait du mal à scorer. A quatre trous du finish, Captain Saudia prenait les commandes du tournoi avec un Eagle sur l’avant dernier par cinq du parcours. Mais le numéro Un mondial répliquait avec deux birdies, prenant un point d’avance avant de dernier trou.
Reed réussissait le bridge au 18, revenant à égalité, tandis que Mc Illroy flirtait avec la zone de pénalité tout au bord de l’eau sur son drive. Sur ce par cinq, l’Irlandais avait accumulé les fautes. Un coup de bois dans l’eau l’an dernier l’avait privé de la victoire au profit de Viktor Holland. Et il faisait la même erreur la veille lors du troisième tour. Il décidait alors de jouer la carte de la prudence avec un recentrage. Un coup de wedge à 85 mètres et une ficelle de quatre mètres pour un ultime birdie lui apportaient la première victoire de l’année - son premier Rolex Series - sous les yeux déconfits de Patrick Reed, auteur d’une belle deuxième place. Mais qui était venu chercher une double victoire sur cette épreuve : les points du vainqueur et battre celui qui est son plus grand adversaire et … symbole et chef de file des « anti-LIV ».
A noter la belle cinquième place du français Julien Brun qui marque des points précieux et un joli chèque. Victor Perez, en lice pour la victoire à la veille du dernier tour, a sombré lors de la dernière manche mais continue de progresser dans le classement mondial.